Non pas « prendre un risque », mais « to take a chance »
Pour un Haut Potentiel, l’échec est obsédant, il fait partie de sa vie au quotidien. La réussite « facile » de sa petite enfance, le jeune Haut Potentiel ayant grandi supporte difficilement d’être mis en difficulté. Le fait d’avoir besoin de fournir un effort, un travail, est déjà, pour cet enfant aux dons exceptionnels, un échec total : « Je ne comprends pas », « je n’y arrive pas » sont des couperets. Cela fait partie de l’indicible, de l’irréel. Quand l’enfant Haut Potentiel pense qu’un problème se présente, qu’il craint souvent d’être en difficulté et la production s’arrête nette. Ayant connu l’échec, il ne peut plus prendre cela pour un jeu où il faudrait simplement trouver une réponse à une devinette. Il reculera trop systématiquement…
Voici une situation, à titre d’exemple, que nous avons pu observer trop souvent. A un magnifique sujet de dissertation, l’élève Haut Potentiel préfère rendre une feuille blanche juste parce qu’il ne trouve pas de phrase d’accroche « satisfaisante » ! Il est alors important de ramasser les brouillons, pour avoir les traces de recherche ! Et c’est toujours très fructueux… Puis d’organiser un petit débriefing oral !) histoire de permettre à l’élève de « déclencher »…
A l’inverse, un exercice peut ne pas être réalisé parce que ce même élève pense que la réponse est trop simple, donc que c’est forcément un piège !
Autre exemple typique. Un document représentant un caryotype au brevet, et dont la légende précise qu’il s’agit d' »un caryotype d’un individu de sexe masculin ». Question : Que représente le document ? L’enfant Haut Potentiel pense que c’est trop évident et ne donne souvent aucune réponse !
En France, le risque est trop souvent assimilé à l’échec. Une grande partie de notre travail est la mise en condition de l’élève, lui apprendre ce que l’on attend vraiment de lui à un examen tant dans la forme que dans le fond… et une (re)valorisation de chaque jour. Car ces enfants sont des écorchés vifs : chaque contact, la plus petite brise peut être bien douloureuse pour eux. Toute l’équipe pédagogique de Cyrano est éveillée à cette problématique. Mais l’échec, l’erreur, c’est grâce à cela que l’on avance, c’est plus qu’un « way of life », un « way of being ». L’échec n’est pas négatif, il est une étape.
Nelson Mandela ne disait-il pas : « Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends ».
Stéphan Bousquet