Sentiment de trahison chez le Haut Potentiel : « Mais les reptiles, ça n’existe pas… »
Pour comprendre une facette du fonctionnement d’un enfant haut potentiel, je vous propose de nous aider d’un type de science : la classification. Dans le monde vivant, d’Aristote à Von Linné, les êtres sont classés par phénotypes (basé sur les « caractères visibles ») où les clés de déterminations peuvent être parfaitement subjectives. Les enfants Haut Potentiel refusent souvent ces choix subjectifs qui, pour eux, n’ont rien de logique et ne peuvent étayer une théorie comme la taxonomie enseignée au primaire… Les taxons sont des termes vernaculaires (courants, non scientifiques) et les enfants qui auront grandi et qui tablaient sur ces connaissances du monde sont déçus lorsqu’ils découvrent la phylogénétique (basée sur des « caractères invisibles »). Remise en question de l’édifice dans lequel leur confiance était investie. Tout s’écroule ! Même les bactéries disparaissent au bénéfice des archéobactéries et des eubactéries.
La leçon ici prend tout son sens : l’enfant découvre que l’on peut avoir plusieurs regards sur un même problème. Certains inventent alors d’autres types de classification. Leur créativité reste intacte : les connaissances transmises ne sont plus des couperets, mais des points de suspension. Ils apprendront alors la leçon avec intérêt, mais ils auront aussi acquis l’idée de l’existence de plusieurs mondes, paradigmes, voire modélisations… Ils acceptent de troquer une connaissance « figée » contre une connaissance sans cesse en évolution, selon les avancées théoriques, avec une histoire, des rebonds, des erreurs… la vie quoi !
A titre d’exemple, une fiche d’introduction de cette leçon pour les enfants du primaire est disponible en bas de l’article. Ce cours dure une heure et demi pendant laquelle les enfants participent, chacun y allant de son animal ou dinosaure préféré… Un autre enfant est sur l’ordinateur de la classe qui projette nos recherches sur le moteur de recherche Qwant (Oui, je fais la publicité). On se nourrit d’images, de noms, scientifiques ou pas, d’anecdotes. Les mots sont expliqués, et à l’évaluation de fin de cours, je vérifie l’acquisition du vocabulaire : en moyenne 50% de la classe atteint plus de 90% de mots récités ! Et la plupart des dessins vont devenir des cadeaux pour le prof… Que du bonheur !
Stéphan Bousquet,
directeur de Cyrano Nice
